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pour y voir plus clair...
25 novembre 2008

2008...un autre départ?

http://www.faqs.org/health/images/uchr_07_img0701.jpg

Que s'est-il passé début 2008? Un coup énorme, une explosion de plus, qui m'a projetée d'un coup au fond du gouffre...une expérience dramatique qui m'a obligée, une fois au fond du bassin, à donner une impulsion du pied pour remonter...ou crever.

 

Mi-novembre 2007, sans doute suite à un oubli de pilule, nouvelle grossesse. De nouveau la joie, de nouveau l'espoir...notre enfant a 5 ans, question finances, nos 2 postes de cadres sup' nous permettent d'assurer...mais le refus total qu'oppose mon conjoint met vite fin à mon enthousiasme.

Je décide d'user d'un peu de persuasion et lui dit qu'après tout, c'est mon corps et que je sais que nous pourrons parfaitement y arriver et que je me donne un délais de réflexion...et il me répond alors cynique :

- " Tu as raison! Réfléchis bien et avorte ensuite."

J'envisage alors tout. Partir...le bébé dans mon ventre, nos 2 autres enfants avec moi, prendre une location en attendant de trouver mieux et me débrouiller comme cela...mais pas encore avorter!

Pourtant, début janvier, il change son fusil d'épaule et me prend dans les bras, me dit qu'il voudrait bien un autre enfant mais pas dans les conditions actuelles, qu'on va déménager en Province, au soleil...et que là, ce sera possible, qu'il va m'accompagner à la clinique, que tout ira bien.

Des larmes me brûlent le visage.

La semaine suivante, je dois être à midi à la clinique, située à 20 minutes à pieds de la maison. J'attends mon conjoint, prête, assise dans notre salon à 11H30. A midi, il n'est toujours pas là...je l'appelle. Il ne répond pas. Je me mets en route, avec le sentiment d'un condamné à mort qui se dirige vers l'échafaud et tout le long du trajet, dans le froid piquant, j'imagine que je pourrais faire 10 fois demi-tour et rentrer à la maison avec le bébé toujours là, en mois...je suis enceinte de 2 mois.

Je pleure sans arrêt depuis le franchissement de la porte de la clinique jusqu'à ce qu'on m'endorme et tout le long de ces 2 heures, je prie, je supplie que mon conjoint appelle pour annuler tout cela, qu'il me dise : "Allez, on le garde, on rentre à la maison"...

Mais ça, c'est dans les contes de fées.

En fait, il avait oublié qu'il avait un déjeuner d'affaire, n'avait pas "compris" qu'il devait m'emmener ET me ramener...et il m'appelle à mon réveil, hausse le ton parce qu'il ne comprend rien à ce que je dis à travers mes larmes. Moi, je lui dis "Il est trop tard...c'est horrible ce que j'ai fait"...et il arrive 30 minutes après et là, deuxième couche Ripolin...il me sermonne jusqu'à ce qu'on m'autorise à sortir.

Et comment as-tu pu oublier ta pilule? Tu vois dans quelle position tu m'as mis? Et pourquoi avoir attendu? Tu aurais pu prendre une pilule abortive, et pourquoi ...etc...et moi, et mes 8 de tension, je pleure en silence, je le hais. Je l'observe à travers mes larmes, il a un peu de persil coincé entre les dents.

Le lendemain, c'est l'anniversaire de ma fille ainée. Je prépare tant bien que mal un gâteau qui s'avère totalement râté. Mon conjoint et sa fille ainée me taquinent et laissent eur part...fort gentiment ma fille mange tout. J'éclate en sanglot à table. Mon conjoint me demande si je ne fait pas une dépression.

Mais non, j'ai avorté hier, je suis mal, je loupe l'anniversaire de ma fille...c'est tout.

Dans les 3 semaines qui vont suivre, comme je m'inquiète des saignements importants, je revois le chirurgien qui me dit qu'il y avait 2 embryons (il est vrai qu'à l'écho, l'image était flou mais le medecin avait noté un petit quelque chose)...qu'aurais fait si j'avais su cela avant?

Je sombre littéralement. Mon conjoint est lointain au possible. Il part à 7h rentre à 20h30...je suis incapable d'aller travailler au bout des 3 jours d'arrêt. J'arrive chez notre généraliste et éclate en sanglots. Je suis à bout. Je suis arrêtée depuis 2 semaines lorsque je vais à la clinique et jusqu'au bout, je parle à ce medecin de mes espoirs de voir mon conjoint changer d'avis.

Il a une parole terrible qui me marque alors : "Quand on aime une femme véritablement, on trouve toujours une solution pour garder un enfant"...

et je reviens chaque jour le voir...je ne fais pas grand chose, je pleure en silence. Il me regarde sans mot dire. Au bout d'une semaine de ces "visites silencieuses", il se râcle la gorge, prend un stylo et son carnet à souches et me dit :

- " Madame, vous êtes en train de faire une dépression..."

Il me prescrit anxiolytiques et antidépresseurs.Je vais à la pharmacie les acheter avec honte, je me tiens courbée, je suis épuisée. Je vais rester 1 mois et demi en arrêt maladie mais je me refuse à prendre les antidépresseurs. Je balance tous les cachets à la poubelle dès mon retour de la pharmacie...

1 mois et demi à dormir à pleurer et à cacher tout cela à mes enfants...dans la journée, je ne fais rien. Je ne vis que pour les emmener à l'école, je me couche et me relève pour aller les récupérer. Les jours passent, le medecin me voit régulièrement.

Lorsque je reviens à l'agence, c'est pour aller à la médecine du travail où une femme medecin m'annonce cette prise de poids que je m'étais cachée, ne me pesant jamais...je sors du cabinet, retour au bureau, sur le chemin, je pleure.

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